Explication d'un texte de SARTRE : le héros et le lâche

Publié le par Prof

Explication d’un texte de SARTRE

 

Le lâche et le héros

SARTRE L’existentialisme est un humanisme

 

Ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros. Un des reproches qu’on fait le plus souvent aux Chemins de la liberté(1), se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules( 2), comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond, c’est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n’y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoique vous fassiez ; si vous naissez héros vous serez parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros. Ce que dit l’existentialiste (2), c’est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d’être un héros. Ce qui compte, c’est l’engagement total, et ce n’est pas un cas particulier, une action particulière qui vous engage totalement.

(1) ouvrage de Sartre, traitant de l’engagement politique

====================================================

Phase A : PREPARATION AU BROUILLON

(2) veule = mou

(3) L’existentialiste défend l’idée selon laquelle  « l’homme est condamné à être libre ». L’existentialisme est une philosophie de l’action.

 

 

 

 

 

I Présentation de l’opinion commune : l 1 à 3 «  en ferez- vous des héros ? »

Avant d’ironiser sur l’ou qu’on lui a adressé, Sartre expose clairement une conception contestable et dangereuse de l’ héroïsme.

1) Exposition de l’illusion : expliquer la première phrase.

«  ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse héros ou lâche ».

Rechercher des exemples de héros et de lâches

Rédaction :

Les gens se galvanisent des figures héroïques de leurs enfances, mais la nostalgie se plaît à dévorer notre raison. On remarque trop peu, la mère de famille qui battue, culpabilisée et humiliée, trouve néanmoins

le courage de s’arracher à l’emprise néfaste de son tendre époux. On condamne très vite cette femme rasée à la libération, qui, cependant aimait sincèrement un officier allemand. On voudrait bien pendre ce petit fonctionnaire de Vichy, qui pourtant a profité de sa position pour sauver un grand nombre de personnes. Mais pour les gens , il n’ y a aucun doute, le lâche c’est un sale type, seul le héros est touché par la grâce. Il y a donc de bonnes et de mauvaises natures. Des gens «  veules » (l2) ne sauraient devenir des héros. Les rôles seraient ainsi distribués , une fois pour toutes : chacun a sa place, immuable.

Cette vision du monde est d’emblée présentée comme l’antithèse puisque c’ est un reproche adressé « aux Chemins de la liberté » ; et que l’auteur ne dit pas : «  voilà ce que les gens pensent » , mais, plutôt «  voilà ce que les gens veulent ». La différence est de taille : vouloir qu’on naisse héros ou lâche , c’est faire plier la réalité sous le poids de notre désir , c’est précisément ce genre d’illusions qu’aime traquer le philosophe.

Les gens ont-ils réfléchis aux implications de leurs discours ? Si nous avions un destin moral , il serait idiot de célébrer un héros qui n’aurait aucun mérite. De même, si le criminel n’exprimait que sa mauvaise nature, alors il ne serait pas responsable de ses actes , et il n’ y aurait aucune raison de vouloir le punir.

A quoi donc servirait la Justice ?

Pourquoi la nature déciderait-elle à ma place ? Il faudrait encore prouver que je suis dans l’incapacité de transformer ma vie. Le héros n’est-il pas celui qui a eu le courage d’être libre ? Si les gens ne veulent pas croire qu’on puisse devenir un héros, c’est peut être qu’ils ont peur de modifier un petit quelque chose dans leurs petites habitudes. Sont-ils vraiment convaincus qu’il existe des prédispositions naturelles au bien ou au mal, ou bien ont-ils tout simplement été effrayé par le discours volontariste de Sartre qui appelle à l’engagement ? L’inertie n’est-elle pas dangereuse ?Par exemple, si je convaincu que je suis de nature timide, comment aurai-je la force de m’inscrire à des cours de théâtre pour prendre confiance en moi ? L’expérience montre que la volonté d’être libre, transforme notre vie. De plus, un chef d’ Etat convaincu que la nature humaine est mauvaise, n’est-il pas plus dangereux encore que la faiblesse des gens veules ?

II. Critique de l’opinion commune

D’où vient l’ illusion ?

La tonalité ironique du second moment révèle le fond de la critique : …..l’idée de destin est bien commode, elle évite de se remettre en question, et de fournir un effort.. Quand on pense ce qu’on souhaite penser, c’est bien qu’il y a de la mauvaise foi. , les gens portent l’ entière responsabilité de leurs vices, ce qui n’est pas facile à reconnaître quand on n’a pas le courage de surmonter ses difficultés

A première vue, il n’ y a dans ce second moment qu’un portrait bien trempé de ceux qui ne veulent pas réfléchir.

Où sont les dangers?:

Dans le premier cas, la liberté n’a plus aucun sens , et du coup, la morale non plus , puisque les vertus serait distribuées dès le départ. Il ne resterait plus qu’à la masse à suivre l’appel du grand homme, ce qui ne fait pas les affaires de la démocratie. D’ailleurs Freud pense que la civilisation se construit sur la répression des instincts. Etre responsables, c’est faire un effort permanent pour contenir notre dimension naturelle ou nos peurs irraisonnées. Certains affirment bien haut et fort que les allemands sont des travailleurs et que les noirs sont paresseux ? N’ y a-t-il pas une erreur de jugement manifeste ? Que dire d’un allemand noir, ou encore de Nelson Mandela ? En confondant la nature et la culture, les traditions, et d’autre part en noyant l’individu dans la masse , cette opinion stigmatise . Les gens collent facilement des étiquettes et reconduisent les mêmes ritournelles , divinement inspirés par une logique binaire efficace : le contraire du lâche, c’est le héros, alors si tu n’es pas dans la bonne case, tant pis, mais tu ‘as plus rien à faire ailleurs. Etre aussi aveugle à la complexité du réel , c’est offrir un cadeau au philosophe !

Si Sartre a raison ,autant d’irresponsabilité individuelle n’est pas sans conséquences sur la collectivité, et de proche en proche sur l’humanité tout entière. Chaque résistance est un petit gramme d’or qui fera pencher la balance. Le monde deviens ce que j’en fais. Mon choix pèse sur toute la société. D’a

 

III. Thèse

a) le possible et le réel

Mon existence est-elle toute tracée à l’avance ? N’est-elle que le déploiement d’un ensemble de virtualités qui se réalisent à l’occasion de circonstances ? Dans ce cas, mes possibilités sont limitées, déjà contenues pour ne pas dire emprisonnées dans les premiers germes de l’humain. L’avenir ne pourrait être qu’illusoire, objet de croyance, de fantasme , mais non de projet novateur. C’est la vie qui perd un peu de son sens, si tout progrès est d’emblée interdit à celui qui n’est pas bien né, et donc aussi le bonheur d’être juste ou vertueux.

b) essence - existence DEFINITION REPERE !

L’essence c’est la caractéristique principale, fondamentale, sa nature propre. C’est-ce qui reste quand toutes les qualités secondaires auront variées ou disparues . On l’oppose donc aux attributs, aux propriétés secondaires, inessentielles. Et qu’on appelle accident. Par exemple, le racisme, prend une qualité comme la couleur, insignifiante dans la constitution d’un homme ( au moins sur le plan scientifique).

C’est donc une notion qui permet ainsi de définir un être, et aussi de le différencier en soulignant en lui, la distance entre le fond permanent et les aspects superflus. L’essence est donc une idée: elle se situe toujours au niveau des généralités. Par exemple, l’essence de la justice, n’est peut être même pas réalisée dans une seule des institutions humaines. Elle se définit donc par abstraction, et ne peut donc se situer sur de l’individualité particulière, ou du singulier , il y a quelque chose d’éternel dans l’essence de la beauté que ne saurait incarner la plus belle des œuvres ( fut elle de sexe féminin).

Il convient de noter qu’il existe une querelle philosophique entre le réalisme et le nominalisme pour savoir si les essences ne sont que des noms, des abstractions, ou si, au contraire, elles président à la genèse du réel.

Exemple :

- en chimie l’oxygène et l’hydrogène / carbone

Formule existentialisme « l’existence précède l’essence ».

c) éléments de réflexion :  pour une distance critique
Devons-nous inventer notre morale ? 
Cependant, l'homme peut-il créer des valeurs ? Est-ce vraiment moi qui décide ?
Que signifie être responsable ?
A quelles conditions l'engagement est-il possible ? Est-il si facile d'être un héros ?
Sommes-nous parfois contraints de ne pas respecter nos engagements ?
" Nous n'avons jamais été aussi libres que sous l'occupation allemande" Sartre Sens de cete formule ?



Éléments pour une CONCLUSION

Plaidoyer pour la responsabilité

La mauvaise foi : invoquer ce qui nous arrange et s’auto- persuader qu’il n’est pas possible de mieux faire, pour ne pas avoir à faire mieux.

Mon vraie devoir ne vient pas de la nature qui ne dit rien ou si peu

L’expression « vous serez parfaitement tranquille » (l 6), dénonce, en même temps , l’économie de pensée, l’envie de se débarrasser du risque en s’accrochant à l’idée que le courage, c’est pour les autres. Sartre taille un costume à la figure idéalisée de l’homme providentiel, et attire notre attention sur ses mains sales : «  vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros » , le dieu vivant n’est qu’un homme ,il a aussi ses imperfections, la sagesse n’est pas à la portée des hommes, mais la vertu est souhaitable, et la liberté n’est jamais condamnée mais « l’homme est condamné à être libre » et à réinventer en permanence sa vie et sa morale. Sartre marque se distances : On a tort de clamer «  je suis ce que je suis », il faudrait plutôt dire, «  je deviens ce que je fais ».

Contenu sémantique

Nature ( répétition de « naissent« ) opposée à l’engagement (et liberté)

Contexte de la domination allemande.

Les gens souhaitent penser, veulent penser : la vision du monde à critiquer est donc clairement présentée

Structure logique

I Présentation de l’opinion commune

l 1 à 3 «  en ferez- vous des héros ? »

II. Critique de cette illusion :

l 3 « Cette objection » à 7 «  vous mangerez comme un héros »

III Explicitation de la thèse

: de «  Ce que dit l’existentialiste » l 7 à fin.

À noter que la structure de ce texte est typique des textes polémiques. On remarque l’esprit critique du philosophe, à son opposition

Problématique : Naît-on héros ou lâche ? La vertu est-elle vraiment innée ? Sommes nous responsables de nos vices ?

Difficulté : la nature nous indique-t-elle ce que nous devons faire ? Est-ce à chacun d’entre nous d’inventer sa morale

Intérêt philosophique :

=======================================================

PHASE B : REDACTION

Introduction

Sartre nous invite à réfléchir sur la responsabilité. Naît-on héros ou lâche ? Quels rôles pouvons-nous assumer ? Comment réagir dans l‘épreuve? Chacun de nous n’a-t-il pas le choix de s’engager? De la fascination pour le héros naît l’idée que les qualités morales sont exceptionnelles et innées : tout le monde n’ aurait pas de bonnes prédispositions , il serait donc inutile de risquer un acte courageux. Cependant la vertu est-elle vraiment naturelle ? Une telle vision du monde conduit à la passivité et donc à l’irresponsabilité . Le héros n’a-t-il pas un véritable mérite, celui d’assumer sa liberté en prenant des risques ? En critiquant la mauvaise foi du sens commun, le chef de file de l’existentialisme mène son combat préféré : montrer que la liberté est absolue, elle n’admet pas d’ inégalités .En choisissant l’inaction, les gens exercent déjà leurs liberté et portent ainsi la responsabilité de leur soumission. Les enjeux philosophiques sont , ici, très riches : A quoi puis-je reconnaître la valeur morale d’un acte ? Dois-je m’en remettre à la nature pour connaître mon devoir ? Y a-t-il vraiment une nature humaine ? Pourquoi est-il difficile d’assumer sa responsabilité ? La manière dont le sens commun exerce son jugement prête le flan à la plume critique . Comment Sartre va-t-il s’y prendre pour sortir les gens de leur confusion ?

analyser la mauvaise foi des gens. Comment peut-on se mentir à soi-même jusqu’à inventer un destin et glorifier les héros c’est-à-dire les autres !:: lâcheté, héroïsme: qualités morales

Publié dans Explications de texte

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article