LE LANGAGE suite et fin

Publié le par Prof

LE LANGAGE
 
FIN DU COURS ES3
 
III.             LE LANGAGE SERT A PENSER
 
L’essentiel à rentenir : LA DIALECTIQUE DE PLATON cf opposition à la RHETORIQUE ( II)
Le travail du sens, contre la rhétorique      Toutefois, nous avons montré l’ambivalence des pouvoirs du langage. L’instrument de vérité est toujours susceptible de se renverser en une arme de séduction entre les mains des sophistes. Il est ainsi force avant d’être travail. En effet, la rhétorique, comme ouvrière de persuasion, cherche à supprimer la menace de la contradiction, en étendant son influence, en entraînant l’adhésion pour faire triompher ses idées ; alors que la contradiction constitue une chance de perfectionnement.
L’art de l’apparence, ainsi inspirée par la peur de se perdre ou d’être altérée, désoriente l’opinion. Le mensonge n’est plus jeu ou concession ( en vue d’obtenir la paix), mais violence et prise de pouvoir. Dès lors, la quête du sens devient un combat, éclairé par l’éducation du jugement ; le travail du langage, une réponse spirituelle au mal.
 
 
Restait une objection à formuler  ou plutôt une limite à apporter à la supposée toute puissance du langage.
Peut-on tout dire ? Peut-on tout connaître par le langage ?
 
Le langage permet-il toujours de penser ?
Le langage peut-il saisir le cœur des choses, alors même qu’il rompt d’emblée avec la réalité ?
 
Arguments :
ü      Le langage rate son objet  Le langage me donne des repères mais s’il n’est pas réfléchit il se superpose à la réalité. Que dit le mot « sœur » sur la personnalité de ma sœur (et sur son caractère J !) Que dit le mot « amour » de l’amour ? Sartre.
 
ü      L’intuition serait parfois préférable à de longs discours.
Le langage permet d’expliquer le réel, mais il ne permet pas de tout comprendre. La saisie affective est parfois un mode privilégié d’accession au réel !
 
ü      CRITIQUE DU LANGAGE PAR BERGSON :
«  Enfin, pour tout dire, nous ne voyons pas les choses mêmes : nous nous      bornons le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles[…] Car les mots ( à l’exception des noms propres) désignent des genres. Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune et son aspect le plus banal, s’insinue entre elle et nous […]. Et ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu. »
Idée principale : le langage ne saisit pas les choses mêmes
Cadre de la réflexion : Finalité du langage et limites
Question : Pourquoi le langage est-il incapable d’exprimer fidèlement la réalité même des choses ?
 
Arguments :
Le langage est spatialisant : il est incapable de saisir le temps, et en particulier le devenir et le flux de mes pensées. Peut-on vraiment définir la conscience ? «  Ici » et « maintenant » désignent n’importe quel espace temps.
Le langage divise : l’intellect découpe pour pouvoir connaître, il simplifie ce qui est en réalité lié, complexe.  L’esprit se laisse-t-il aisément découper ?
Le langage masque le réel : Ne sommes nous pas victimes des clichés que nous échangeons ?
 
 
 
 
** REPERES  :
-          « Car les mots désignent des genres » : Rôle du « Car » ; Qu’est-ce qu’un genre ? 
 
Aide pour l’explication : Ne pas reculer devant la difficulté, c’est d’abord définir.
Le genre est un concept englobant : animal est genre / vertébré et vertébré/mammifère . Le genre ne désigne pas un individu en particulier, il ne renvoie à rien de personnel. Adélaïde ou Barnabé appartiennent bien au genre humain mais restent des individus avec des personnalités qui ne sont ici prises en compte dans leur couleur originale ou dans leur singularité . L’outil « genre » sert surtout à les distinguer des autres types d’êtres, et à souligner l’appartenance à un ensemble ( même si bien sûr cet ensemble se fonde en partie sur des réalités biologiques et culturelles). L’idée de genre est donc d’abord une abstraction qui sert à classer, et à viser ensuite les différences spécifiques. Pour Aristote, «  genre » s’oppose à « espèce » ; et dans la définition de l’homme : «  animal rationnel », « animal » est le genre, et « rationnel » l’espèce. L’opposition du genre et de l’espèce permet donc de viser la spécificité (humaine, ici )
 
 
ü      LE NOMINALISME
Contre Hegel, pour qui, il ya un lien essentiel , entre pensée et langage
Definition de Jacqueline Russ
Nominalisme : «  Doctrine selon la quelle il n’y a pas d’idées générales, mais seulement des signes, des noms ou des mots. Ainsi, les essences sont seulement des mots»
 
Nominalisme scientifique : «  Doctrine selon la quelle les lois et les théories ne seraient pas des connaissances ou représentations réelles et objectives mais des constructions de l’esprit »
 
Nominalimse mystique : La réalité ultime est insaisissable, sauf par une intuition intellectuelle, une vision directe et silencieuse de l’un
Le langage est  donc limité, c’est une autre attitude qui permet de saisir le réel
 
 
Bergson : « les nominalistes [… ] ne retenant de l’idée générale que son extension, voient simplement en elle une série ouverte et indéfinie d’objets individuels. L’unité de mesure ne pourra donc consister par exemple que dans l’identité du symbole par lequel nous désignons indifféremment tous ces objets distincts » Matière et mémoire p 174
 
 
 
CONCLUSION
LE LANGAGE NE SERT-IL QU A COMMUNIQUER ?
La réponse est simple et tranchée : Non. Il a suffit de montrer qu’il servait aussi à transformer le réel, en outre par le pouvoir de la rhétorique et celui de la création artistique, ou à penser, avec la dialectique de Platon, et ce même si les connaissances produites par le langage sont limitées.
Certes, en un sens chercher à transformer le réel, c’est une manière de dominer le monde,  la rhétorique est  aussi un mode de communication. Il y a sans doute une forme d’animalité de l’homme. Mais, le langage offre à l’homme la possibilité de se dépasser et aide la raison à recomposer notre rapport au monde. Ainsi, le langage est d’abord vecteur d’humanisation, de développement des échanges,de perfectionnement de l ‘esprit et de mémoire. Dans le symbole, l’idée de demain s’est solidifié, le symbole créée du lien transgénérationnel de l’ humanité sédimentée, cristallisée
Les ennemis de la civilisation s’appuient sur l’analphabétisme pour embrigader. Les jeunes qui ont la chance d’étudier dans certains pays où le fondamentalisme est roi, deviennent ainsi de meilleurs interprètes de leur culture, et pourront tenter un jour de l’arracher aux mains des fanatiques.
 
Rousseau : «  Le langage est l’art de communiquer se pensées et d’établir un commerce entre les esprits »
 
 
 
Le petit plus :
Bénéfices et maléfices de la communication /
 
a)Nous, toi, moi, eux …
                           La communication c’est sortir des replis du Je pour s’inscrire dans le jeu du Nous. Ce n’est plus seulement crier, appeler ses parents, c’est aussi faire référence par le signe linguistique, quand l’enfant monte dans le train de sa langue maternelle. La différence, c’est la métaphore, la scission entre le sensible et l’intelligible, entre le son et le sens. Bienvenue dans l’univers du langage à qui peut jouer avec les symboles avec des chiffres, avec des mots, et s’y retrouver, et y reconnaître sa planète. Le plus naturellement, je t’informe, tu me comprends et j’en oublie qu’un jour on a décidé que la fleur se dirait fleur, le néant néant et l’amour «  love » ou « amor ». Je te devine dans le creux d’un regard, dans le mordillement des lèvres, dans la nonchalance d’une main passée dans tes cheveux, dans cette écharpe rouge, dans le parfum de chacun de tes gestes où le silence est déjà langage. Passagers du verbe, nous tissons la toile de notre humaine société, en piochant dans la mémoire du sens, dans le creux des mots qui sillonnent mes pensées, et en sculptant un nouveau signe pour un internet ou un portable. Ainsi, le langage c’est d’abord la mise en place d’un réseau de communication entre nous, toi, moi et eux…
 
Le langage ne sert-il qu’à construire ce lien ?
La communication c’est aussi la pub, l’appel à la pulsion d’achat, la victoire de l’animal qui nous attrape par les tripes pour extirper notre argent, qui nous gave d’image pour nous éviter de penser et dessine le doux bien être de la consommation. Le langage, est, ici, tout en étant communication, prise de pouvoir. En effet, il ne s’agit pas seulement de manifester un savoir- faire, mais en s’affichant, de s’imposer comme marque repère et de supprimer l’égalité entre l’émetteur et le récepteur. Là, communiquer, n’est plus vraiment « mettre en commun », c’est revêtir le masque de l’ange pour mieux affirmer la puissance de la bête dont le territoire est aujourd’hui virtuel.
De même, le monde médiatique est aussi le lieu d’un nouveau champ de bataille : Etre ou ne pas être dans le vent des images. Paraître ou disparaître.
Cela dit, le langage prend différentes formes, et, quand bien même il ne servirait qu’à communiquer, il permet à l’homme de s’inscrire au-delà de la sensation, dans la course des messages, dont il dépend toujours de nous, d’en faire l’antre de notre animalité ou la piste d’envol de notre humanité.
Avec l’image de notre planète, de notre cerveau, de nos gènes, d’autres galaxies, c’est pour la conscience l’occasion de s’élever jusqu’au concept de l’unité de l’espèce. Plus qu’un discours ces images là englobent le Je dans un nous. La communication n’est donc pas seulement ce par quoi le langage perdrait son âme.           Remarquons : Reviens Léon, j’ai une télé pour meubler le silence de nos passions, pour allumer le feu qui s’était endormi entre nous dans ce troisième terme qu’est l’espace de « l’a propos  », c’est-à-dire ce lointain devenu familier dont on peut parler. Le média peut ainsi devenir autant mort du regard que relation nouvelle, standardisation des échanges, dépersonnalisation qu’arrachement à la solitude du dialecte. a simplement changé la forme du lien.
 

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J
<br /> Quelle communication ?<br /> Le fait avéré suivant n'est-il pas une conséquence du nominalisme : on ne pourra jamais parvenir à un accord total, un point de vue identique au sujet d'un mot ou d'un concept.<br /> Le réalisme, c'est de la croyance.<br /> <br /> <br />
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