Exercice Auguste COMTE théorie, expérience, et théologie

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Théorie et expérience

 

 

Tous les bons esprits répètent depuis Bacon, qu’il n’y a de connaissances réelles que celles qui reposent sur des faits observés. Cette maxime fondamentale est évidemment incontestable, si on l’applique, comme il convient, à l’état viril de notre intelligence. Mais, en se reportant à la formation de nos connaissances, il n’en est pas moins certain que l’esprit humain, dans son état primitif, ne pouvait ni ne devait penser ainsi. Car si, d’un côté, toute théorie positive doit nécessairement être fondée sur des observations, il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à des observations, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. Si en contemplant les phénomènes, nous ne les rapprochions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, et, par conséquent, d’en tirer aucun fruit, mais nous serions même entièrement incapables de les retenir ; et, le plus souvent, les faits resteraient inaperçus sous nos yeux.

Ainsi, pressés par la nécesité d’observer pour se former des théories réelles, et la nécessité non moins impérieuses de se créer des théories quelconques pour se livrer à des observations suivies, l’esprit humain, à sa naissance se trouverait enfermé dans un cercle vicieux dont il n’aurait jamais eu aucun moyen de sortir, s’il ne se fût heureusement ouvert une issue naturelle par le développement spontané des conceptions théologiques, qui ont présenté un point de ralliement à ses efforts, et fourni un aliment à son activité.

 

Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 1ère leçon, t. 1.

 

 

En suivant la méthode  proposée avec les textes de Kierkegaard et de Hobbes, entez de dégager la structure logique et le contenu sémantique de ce texte.

 

 

 

Tous les bons esprits répètent depuis Bacon, qu’il n’y a de connaissances réelles que celles qui reposent sur des faits observés. Cette maxime fondamentale est évidemment incontestable, si on l’applique, comme il convient, à l’état viril de notre intelligence. Mais, en se reportant à la formation de nos connaissances, il n’en est pas moins certain que l’esprit humain, dans son état primitif, ne pouvait ni ne devait penser ainsi. Car si, d’un côté, toute théorie positive doit nécessairement être fondée sur des observations, il est également sensible, d’un autre côté, que, pour se livrer à des observations, notre esprit a besoin d’une théorie quelconque. Si en contemplant les phénomènes, nous ne les rapprochions point immédiatement à quelques principes, non seulement il nous serait impossible de combiner ces observations isolées, et, par conséquent, d’en tirer aucun fruit, mais nous serions même entièrement incapables de les retenir ; et, le plus souvent, les faits resteraient inaperçus sous nos yeux.

Ainsi, pressés par la nécesité d’observer pour se former des théories réelles, et la nécessité non moins impérieuses de se créer des théories quelconques pour se livrer à des observations suivies, l’esprit humain, à sa naissance se trouverait enfermé dans un cercle vicieux dont il n’aurait jamais eu aucun moyen de sortir, s’il ne se fût heureusement ouvert une issue naturelle par le développement spontané des conceptions théologiques, qui ont présenté un point de ralliement à ses efforts, et fourni un aliment à son activité.

 

Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 1ère leçon, t. 1.

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