ST2S question2 : expliquer une expression

Publié le par Prof

Objectif pédagogique : Expliquer une expression

 

Texte  de référence :

                 Ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros. Un des reproches qu’on fait le plus souvent aux Chemins de la liberté(1), se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules, comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond, c’est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n’y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoique vous fassiez ; si vous naissez héros vous serez parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros. Ce que dit l’existentialiste (2), c’est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a  toujours une possibilité  pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d’être un  héros. Ce qui compte, c’est l’engagement total, et ce n’est pas un cas particulier, une action particulière qui vous engage totalement. SARTRE L’existentialisme est un humanisme

 

Erreur trop fréquente dans les copies du bac :

Exemple de démarche à suivre : ( consulter aussi le manuel)

1.       Repérer l’expression à expliquer dans le texte pour anayser la place de l’expression dans le texte. Se demander : «  Quelle est la fonction de cette partie par rapport à la totalité du texte ? » ( exemple : argument, exemple, hypothèse, opinion commune, thèse, question…). Pour gagner du temps, consulter le plan élaboré dans la phase de préparation. Il faut toujours relier l’expression à la problématique, à la démarche de l’auteur.

Ex de notes au brouillon : «De quoi ça parle ? »  : lâcheté, héroïsme: qualités morales , Nature ( répé de naissent) opposée à l’engagement (et liberté)

Problème et thèse : Les gens souhaitent penser, veulent penser : la vision du monde à critiquer est donc clairement présentée. Pb : Naît-on  vraiment héros ou lâche ?  Chacun devient ce qu’il fait, seuls nos actes peuvent être jugés héroïques ou lâches. Mais l’homme est bien plus qu’une action particulière, il est libre, mais la mauvaise foi es bien commode, elle nous dégage de nos responsabilités.

PLAN

I Présentation de l’opinion commune : l 1 à 3 «  en ferez- vous des héros ? »

II. Critique de cette illusion : l 3 « Cette objection » à  7 «  vous mangerez comme un héros »

III Explicitation de la thèse : de «  Ce que dit l’existentialiste » l 7 à fin.

 

 

2.       Analyser le contenu de l’expression.  Repérer le sens global, et si c’est utile, explorer le sens détaillé des termes qui composent l’expression.

 

3.       Après s’être assuré d’avoir bien compris ce dont il s’agit, il faut désormais faire preuve de pédagogie, et exposer ( non pas au prof, mais à tout lecteur potentiel) la pertinence de l’expression, en cherchant à se faire comprendre. Par exemple, il est bon de donner un exemple, une illustration pour  mettre en situation le problème philosophique. On peut faire appel à son imagination, mais aussi à sa culture. Il faut faire  aussi comprendre l’intérêt philosophique de la formule.

 

4.       Une fois, le contenu élaboré, vous pouvez travailler le style, de manière à montrer que vous maîtrisez la langue.

 

Exemple d’expression à expliquer :

« Ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse héros ou lâche »

Application de la démarche.

1.       Repérer l’expression à expliquer dans le texte Anayser la place de l’expression dans le texte

 

C’est la phrase qui ouvre le texte. Mais quelle est sa fonction ?

Consulter le plan au brouillon : et on se souvient I.  « Exposer une opinion commune »

A quoi reconnaît-on qu’il s’agit pour l’auteur de dénoncer une illusion ?

Qu’ y-a-t-il après ?

 

2.       Analyser le contenu de l’expression

Le sens global est, dans ce texte, difficile à trouver sans avoir étudié au préalable tout le texte. Si c’est le cas ne psa hésiter à décortiquer, au brouillon, le sens précis, détaillé des termes de l’expression.

Les gens . De qui parle-t-il ?

« Veulent » Pourquoi employer ce verbe et non pas ce que les gens « pensent » ? De quoi « vouloir » est-il le signe ?

« Naisse »

Héros :

Lâche

 

Le preoblème philosophique ?

 

3.       Faire preuve de pédagogie

 

Sur l’héroïsme et la lâcheté

Sur les vices et la vertu

Sur la nature humaine

 

 

 

 

Rédaction :
VERSION 1

 Expliquez une expression :
 
« Ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros » SARTRE
 
1) Quelle conception le sens commun se fait-il de l’héroïsme et de la lâcheté ?
 
.Chacun se galvanise des figures héroïques  de son enfance ; mais la nostalgie se plaît à capturer ou à absorber notre imaginaire. On remarque trop peu la mère de famille qui, battue, humiliée, culpabilisée, parvient, malgré tout, à s’arracher à l’emprise de son époux. On condamne très vite, cette femme rasée à la libération, qui, pourtant, aimait, sincèrement, on blâme volontiers ce fonctionnaire de Vichy, qui, en même temps, alertait quelques juifs d’une possible arrestation. (Parfois, le sort semble se jouer de nos consciences, quand tel comédien, super-héros d’ Hollywood   doit apprendre à vivre autrement dans un fauteuil roulant.) Mais, pour le sens commun, il n’y a pas de doute, le lâche est un sale type, il faut le fuir et l’acte héroïque jette la lumière sur un être touché par la grâce. 
                 Souvent, les icônes hantent les esprits et occultent la réalité : Ulysse, les prophètes d’Israël, Jean Moulin se distinguent par leur caractère exceptionnel, en eux, la morale s’incarne, ils deviennent des exemples à imiter. Sartre exprime ici l’attachement des gens aux icônes qu’ils ont choisit, ils veulent ressembler à leur modèle et aimeraient bien suciter , à leur tour l’admiration et devenir vertueux
Pour le sens commun, cela ne fait aucun doute, il y a de bonnes et de mauvaises natures. 
Mais, en admettant que le tempérament dessine les contours de nos comportements, le sens commun présuppose qu’il y a un naturel moral. A-t-il poussé son raisonnement plus loin ? S’est-il demandé si l’instinct peut faire la loi ? Qu’est-ce qui peut faire la valeur morale d’une attitude naturelle ? Si la bonne nature n’est pas volontaire, on ne saurait en faire l’éloge puisqu’il n y a là aucun mérite. De même, si le criminel est victime d’une mauvaise nature, il n’est pas responsable du mal commis. Si le sens commun était conséquent, il devrait donc remettre en question sa conception de la justice, son désir de vengeance ou de punition…
L’admiration pour le héros nous aveugle, la sacralisation de quelques hommes est bien commode pour celui qui ne souhaite surtout pas s’engager, et prendre le risque de la vertu. La nature peut-elle nous indiquer notre devoir ? Le devoir ne consiste-t-il pas au contraire, à dépasser ce qui est  simplement éprouvé, à surmonter sa peur, à dépasser ses répulsions, à canaliser certaines pulsions agressives ?


 


VERSION 2

Les gens se galvanisent des figures héroïques de leurs enfances, mais la nostalgie se plaît à dévorer notre raison. On remarque trop peu, la mère de famille qui battue, culpabilisée et humiliée, trouve néanmoins

le courage de s’arracher à l’emprise néfaste de son tendre époux. On condamne très vite cette femme rasée à la libération, qui, cependant aimait sincèrement un officier allemand. On voudrait bien pendre ce petit fonctionnaire de Vichy, qui pourtant a profité de sa position pour sauver un grand nombre de personnes. Mais pour les gens , il n’ y a aucun doute, le lâche c’est un sale type, seul le héros est touché par la grâce. Il y a donc de bonnes et de mauvaises natures. Des gens «  veules » (l2) ne sauraient devenir des héros. Les rôles seraient ainsi distribués , une fois pour  toutes : chacun a sa place, immuable.

Cette vision du monde est d’emblée présentée comme l’antithèse  puisque c’ est un reproche adressé « aux Chemins de la liberté » ; et que l’auteur ne dit pas : «  voilà ce que les gens pensent » , mais, plutôt «  voilà ce que les gens veulent ». La différence est de taille : vouloir qu’on naisse héros ou lâche , c’est faire plier la réalité sous le poids de notre désir , c’est précisément ce genre d’illusions qu’aime traquer le philosophe.

Les gens ont-ils réfléchis aux implications de leurs discours ? Si nous avions un destin moral , il serait idiot de célébrer un héros qui n’aurait aucun mérite. De même, si le criminel n’exprimait que sa mauvaise nature, alors il ne serait  pas responsable  de ses actes , et il n’ y aurait aucune raison de  vouloir le punir.

A quoi donc servirait la Justice ?

Pourquoi la nature déciderait-elle à ma place ? Il faudrait encore prouver que je suis dans l’incapacité de transformer ma vie. Le héros n’est-il pas celui qui a eu le courage d’être libre ? Si les gens ne veulent pas croire qu’on puisse devenir un héros, c’est peut être qu’ils ont peur de modifier un petit quelque chose dans leurs petites habitudes. Sont-ils vraiment convaincus qu’il existe des prédispositions naturelles au bien ou au mal, ou bien ont-ils tout simplement été effrayé par le discours volontariste de Sartre qui appelle à l’engagement ? L’inertie n’est-elle pas dangereuse ?Par exemple, si je convaincu que je suis de nature timide, comment aurai-je la force de m’inscrire à des cours de théâtre pour prendre confiance en moi ? L’expérience montre que la volonté d’être libre, transforme notre vie. De plus, un chef d’ Etat convaincu que la nature humaine est mauvaise, n’est-il pas plus dangereux encore que la faiblesse des gens veules ?

 

 

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